Le café du petit port somnole au soleil d’une moitié d’avril. La chaleur nous laisse silencieux et nonchalants, cherchant quelque fraîcheur au fond d’un verre de menthe à l’eau. Posées sur la table trois ou quatre cartes postales s’interrogent encore sur leur destination et quémandent un peu d’imagination…

La marée basse laisse les bateaux gités sur le sable gras, des paquets d’algues aux vessies noires finissent d’y sécher tandis que les goélands se disputent quelque providentielle pêche aux relents douteux…

Quand un brouhaha fait son chemin jusqu’à notre terrasse… Des enfants courent jusqu’aux tables d’ à côté, s’emparent de l’espace à force de rires et de tapage, bientôt nous voici entourés d’une famille endimanchée ! On nous prie de céder deux chaises où nous avions posé nos sacs et nos gilets, on nous fait les yeux doux pour se faire pardonner d’accaparer ce bout d’après-midi qui,  jusqu’ici n’était que silence et douceur…

Enfin s’approchent les mariés… Un bouquet de jeunesse à l’orée d’un projet, elle, toute de grège vêtue, un petit paletot rose vif posé sur les épaules, la chevelure blonde libre de danser autour d’un visage d’où l’enfance n’a pas encore complètement disparu. Lui, déguisé d’un costume foncé, presque trop grand pour lui, comme si l’on espérait encore qu’il puisse grandir ! Ils se tiennent par la main, timides et empruntés, et sont accueillis par un chahut de tendresse et d’amitié. Une jeune fille tout en volants et dentelles apporte à la future épousée son bouquet de mariée : quelques églantines et marguerites blanches mélangées de fougères, enrubannées de tulle et de satin…

La tablée trop émue à l’heure de les accompagner à l’église préfère en plaisanter : « Eh, garçon, il est encore temps de dire non ! » Blagues, bons mots, plaisanteries convenues, éclats de rire, on ne s’entend plus parler…

Des consommations leurs ont été enfin servies, et déjà un sirop d’orgeat s’est renversé ! On se presse d’aller rincer les éclaboussures sous le robinet… On s’extasie sur les risettes d’un bébé, qui, profitant de l’aubaine réclame davantage encore d’attention ! On le met debout sur la table et on s’amuse de le voir agiter ses petits pieds autour des verres déjà presque vides.

Une envolée de cloches se met à carillonner, l’heure est arrivée de rejoindre l’abbé. Tous se lèvent vivement en repoussant les chaises dans une cacophonie de métal et de bois traînés sur le ciment. 

Nous les regardons s’éloigner sous le soleil, qui sait de quoi leur avenir sera fait ? Mais il me plaît de rêver qu’ils sauront mieux que d’autres se garder d’oublier pourquoi aujourd’hui ils ont tant envie de s’unir pour le restant de leur vie !…

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