27 Novembre 2009

Soixante ans… C’est l’âge que tu aurais aujourd’hui…

Combien sont-ils ceux qui peuvent les fêter en regardant paisiblement en arrière sans rien regretter ?

Combien contemplent leur passé avec indulgence et par la pensée refont le chemin à l’envers sans avoir ni remords ni mélancolie ?

Toutes ces années  pour construire un présent serein ?…

Ne pas se sentir vieux pourtant, avoir d’autres projets encore, et plus facilement se laisser aller à des rêves insensés puisque c’est maintenant qu’il faut les réaliser avant de n’en garder que des regrets.

Jamais tu ne seras sexagénaire…

Tu m’as laissé affronter seule mes rides et mon  corps qui se dérobe, tu as renoncé à partager tous les bonheurs que l’âge donne…

Si tu savais tous ceux que me donnent nos petits…

Si tu savais combien tout prend de l’importance : la nature devenant parcimonieuse j’apprends chaque jour l’exacte valeur des choses, je ne gaspille plus d’énergie à combattre les moulins à vent.

Le bonheur devient plus accessible juste parce qu’on devient moins exigeant.

Les rêves les plus fous deviennent réalisables parce qu’on leurs consacre nos dernières ardeurs…

Le temps s’emballe et ne parait jamais plus long, parfois trop court hélas lorsqu’on s’avise de vouloir terminer ce qu’on a commencé un peu trop tard…

Le temps semble nous être compté. Et comment en douter en s’apercevant que tant de nos amis s’en sont allés ?…

Soixante ans… Tu les aurais maintenant… Et moi, je les aurais aimé, tout comme j’avais aimé tes jeunes années…

Sans toi depuis quelques saisons j’ai continué d’exister, je n’ai sans doute pas réalisé tout ce que je m’étais promis d’accomplir, mais petit à petit j’ai quand même avancé. Sans toi, j’ai défié puis franchi les obstacles, sans toi je me suis effondrée et me suis relevée, sans toi j’ai fait des projets…

J’ai découvert une autre à l’envers de moi. La douleur n’est jamais totalement vaincue, à peine surmontée, en tous cas jamais oubliée. Elle surgit au détour d’un refrain quand on ne l’attend plus, elle se réfugie et reprend vigueur au coin d’une photo, et nous dépouille de la force que l’on met à la repousser…

On ne peut se forger un avenir qu’en puisant dans son histoire… Dans chaque chagrin, dans toute douleur se cache une nouvelle détermination dont j’ai quelquefois pu m’emparer pour mieux  leur résister. Mais je suis si seule, même entourée…

J’aurais bientôt soixante ans et à jamais tu seras mon cadet…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *