Si certains réveils sont sans relief, d’autres sont habillés d’une réminiscence qui nous oblige à  y réfléchir…

Que peut bien évoquer cette perception impalpable et familière ?

Cette impression d’avoir eu une autre vie pendant la nuit mais ne pas réussir sur l’instant à  en retrouver l’exact ressenti…

Comme une bulle d’émotion qui resterait en suspens, que notre mémoire ne parviendrait pas à  crever et qui, pour un moment, nous laisserait déconcerté avant que notre esprit ne se soit ressaisi…

Avec cette envie de récupérer à  la volée une image fugitive avant qu’à  nouveau elle nous échappe peut-être à  jamais.

Percevoir une seconde à  peine l’empreinte de son rêve et risquer de la voir aussitôt s’évanouir. Enfin réussir à  en saisir l’essentiel, s’appliquer à  en retenir l’émoi pour enfin s’en souvenir. Se remémorer l’histoire, s’étonner d’y trouver tant de détails abracadabrants, de chapitres décousus, s’en attendrir, en sourire ou en être chagriné, puis commencer sa journée sans plus trop y penser…

Parfois, au contraire, détester cet arrière-goût de cendre, tout tenter pour effacer la trace sombre que laisse en filigrane un cauchemar quand on revient à  soi… Fuir la moindre évocation de ce tourment pour dissiper son malaise. Se rassurer en ouvrant les yeux, se réjouir de retrouver une chambre douillette, et se flatter de n’avoir aucune mémoire…

Mais comment évoquer les rares mirages que de temps en temps le sommeil étonnamment provoque ?…

Ces perceptions intimes qui forcent à  l’évidence : le songe se métamorphose en une image palpable ! Un être cher vous apparaît tel qu’il a toujours été avant que de quitter ce Monde, sa présence n’a rien d’éthéré quoiqu’il puisse aussi n’être qu’une suggestion… Mais vous êtes tout à  fait conscient qu’il n’est là  que pour très peu de temps.

Il vous parle, c’est un échange muet et si dense que vous êtes certain d’avoir entendu sa voix. Le propos peut tenir en un mot comme en cent, un livre n’y suffirait pas tandis que vous n’en retenez que la quintessence. L’instant est fragile mais tellement apaisant… Au matin, il n’en reste qu’une certitude sereine, inébranlable…

D’aucun ne voudront pas croire à  ces « fantômes » que j’ose évoquer au risque d’être moquée… Je n’en ai cure car je suis sûre qu’ils sont venus. Mon sommeil, quand « ils » sont là  n’est plus le même. Je suis consciente de n’être ni tout à  fait endormie ni encore éveillée, je suis disponible et débarrassée de mes convictions diurnes. Mon âme est à  l’écoute de tout ce qu’à  l’aurore je n’entends plus.

Ne riez pas, dormez sans inquiétudes, « ils » ne viennent que s’ils savent qu’ils seront les bienvenus.

Les rêves sont un mystère qu’il ne faut pas chercher à  élucider, souvenez-vous en ou pas, ils n’ont pas de rancune.

Mais ils ont souvent la couleur de nos craintes, de nos espoirs, ils ressemblent à  ce que nous avons été ou à  ce que nous sommes devenus…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *