J’aimerais une plume légère, mais elle glisse sur un cahier mouillé de larmes, ses lettres épaisses, lourdes de chagrin s’épuisent sous l’étreinte d’un buvard qui ne laisse de son passage qu’une grappe de mots blancs…

Je voudrais que le soleil qui emplit d’été ma petite maison réchauffe aussi mon âme, que cet inconcevable Juillet sans Toi ne soit pas que ce voile de brume grise qui enveloppe mes jours de lasse tristesse…

Je préfèrerais me trouver mille énergies pour forcer la porte de cette prison de désolations et discerner dans la lumière tout ce qui rend joyeux…

Pourtant, je sais encore apprécier de vivre chaque instant qui m’est donné. Je n’oublie jamais d’en remercier Qui pourrait en être l’Auteur, je prie afin que demain ne m’accable pas davantage, et me laisse candide, bienveillante et courageuse…

Je m’éloigne des chemins creux, je gagne la plaine où ondulent les herbes qu’un vent léger peigne sans fin, je découvre des collines verdoyantes et gravis des sentiers de montagnes, m’élevant assez haut pour ne rien perdre de la beauté du Monde, je m’applique à ne plus me laisser entraver par tout ce que la société ou l’éducation nous impose sans même qu’on s’en rende compte, j’écris le mot Liberté en lettres déliées, j’apprivoise autant que faire se peut, cette Vie déconcertante où Tu n’es plus… Je m’étonne de cette foule grouillante qui anime le Monde où je pourrais m’imaginer pouvoir enfin te retrouver alors qu’évidemment Tu es le seul à n’en plus faire partie…

J’écoute le chant des oiseaux au petit matin, et le silence sous la canicule de midi, je frissonne à la douceur d’une fin d’après-midi, je respire la fraîcheur des soirées d’été… Je fais tout ce que je n’envisageais pas de faire sans Toi… L’immuable permanence des choses de la Vie m’interroge, me stupéfie autant qu’elle m’exaspère ! Comment fait-on pour supporter l’insupportable ? Quelle improbable résilience aura raison de ma certitude à ne pouvoir jamais plus aimer quiconque n’est pas Toi ? Quel chiffon, quel balai pour faire place nette à ce qu’on nomme Avenir ? Et s’il me plaisait à moi de ne trouver l’apaisement qu’à l’ombre de tes jours, dans ce cocon d’Amour que nous avons tissé ensemble, si je m’y sentais bien à l’abri de la Vie, puisque cette vie dont regorge la Terre entière, le Ciel et l’Univers, TOI, tu n’y es plus…

A J.C.R

 

2 Replies to “Les mots blancs…”

  1. Très beaux textes, celui-ci me plait particulièrement, et me fait penser :

    « Je voudrais une fête étrange et très calme
    Avec des musiciens silencieux et doux
    Ce serait par un soir d’automne un dimanche
    Un manège très lent, une fine musique »
    Jacques Bertin

    Ecrivez toujours, vos mots sont forts et leur musique est douce.

    Alice Lognonné

    1. Merci Alice, votre commentaire me touche d’autant que vous comprenez parfaitement le plaisir qu’on peut trouver à partager nos émotions, nos ressentis. Je vais continuer, et je vous remercie d’avoir pris le temps et la peine d’aller voir à quoi ressemblait ma prose… A bientôt j’espère, je suis en train de me plonger dans la votre, et je ne manquerai pas, ces prochains jours de vous écrire un mot.
      Monique

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