J’aimerais parfois écouter le silence.

Même un silence bruissant de ce brouhaha quotidien qui presque jamais ne cesse même quand la nuit est tombée et que l’agitation du monde se fait plus discrète.

J’aimerais m’y fondre et décortiquer ce bourdonnement en mille et un de ces petits bruits anonymes, en découvrir l’origine pour les nommer enfin. Je les écouterais attentivement, comme une musique, celle du jour qui passe.

Je ne bougerai pas un cil, je les réapprendrais, car chacun d’eux est l’écho de ce que les choses ont à nous dire : le chuintement des roues des voitures qui roulent sous la pluie, le piétinement d’un oiseau sur le toit de ma véranda, le murmure d’une conversation à deux pas de ma fenêtre, le cliquetis de ma chaudière qui s’arrête, son ronronnement quand elle redémarre… L’aboiement d’un chien au lointain, le grincement d’un volet qui se baisse à la tombée du soir, le crissement du papier quand on ouvre le journal, le carillon d’une horloge qui ponctue l’heure passée tout comme la goutte d’eau du robinet qui ponctue deux intervalles de silence… Parfois il n’y aurait presque plus rien à percevoir, alors j’attendrais les suivants, jusqu’à en découvrir de nouveaux, ou d’originaux, que peut-être je n’aurais jamais eu l’heur d’ouïr, perdus qu’ils étaient dans cette cacophonie que nous finissons par trouver ordinaire quand nous l’entendons encore…

J’aimerais ces « faux silences »comme on aime se poser et prendre le temps de ne plus penser à rien, ou à penser d’une autre façon, calmement, j’aimerais faire cesser un moment cette frénésie qui nous convainc sans mal que tout est urgence, qui nous conduit à mener plusieurs occupations à la fois, au risque de les bâcler toutes autant qu’elles sont… J’aimerais prendre le temps de revenir sur les moments qui m’ont apporté du bonheur, comme sur ceux qui me furent douloureux… Les vivre pleinement car souvent on ne vit pas l’instant présent, toujours pressés que nous sommes d’anticiper le suivant !… Ce serait une façon de mieux comprendre le déroulement des évènements, pourquoi, comment… Oui, gagner un temps précieux en en « perdant » à ne rien faire d’autre qu’à l’écouter passer, avec tous ces bruits qui l’habillent et lui donnent une âme, comme on crée une ambiance rien qu’avec une chanson, une mélodie, quelques notes qui donnent une couleur à l’instant…

Je voudrais prendre le temps de la lenteur, m’offrir ce luxe inouï de ne rien faire, de m’asseoir et d’écouter la musique de « mon » silence…

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