S’endormir enfin, oublier son chagrin jusqu’au petit matin…

Impossible sommeil quand, tapi au creux de mon cœur une tristesse insomniaque taraude ma nuit…

A peine éveillée d’un assoupissement éphémère, convertir l’oubli provisoire en prise de conscience brutale et impitoyable, « tu es morte » !

Ne presque pas pouvoir s’en désoler, sauf en tout petit comité familial, car aussitôt fuse cette piètre consolation qu’on vous sert à tout bout de champ : « Oui, mais son âge, elle a eu la chance d’avoir une une longue vie bien remplie », comme si le chagrin s’évaluait à l’aune des années… Alors se surprendre parfois à presque s’en excuser…

Ma petite Marraine, qui depuis des années t’évaporais en même temps que ta mémoire… Jusqu’au bout du chemin près de toi, ta main blottie dans la mienne, nos doigts enlacés comme ultime conversation… La Faucheuse rodait sans trop oser t’approcher tant, diaphane pourtant, une rare énergie t’ habitait : ces derniers jours c’est un marathon que tu as entrepris, jusqu’à choisir Le Moment pour t’en aller… Courageuse, forte, mettant à profit le peu d’énergie que chichement la maladie te concédait pour m’offrir de ces moments de grâce qui resteront à jamais gravés dans mon cœur…

J’ai pu tenir ta main jusqu’au seuil de cette foutue Porte qu’un jour chacun d’entre nous devra franchir seul, et je t’imagine te retourner pour porter un dernier regard sur ce que fut ta vie, sans doute désolée de ne pouvoir nous quitter sans nous faire autant de chagrin…

Je ne veux retenir de ces moments redoutés que le souvenir d’une femme qui me fut une Marraine au vrai sens du terme, pleine de tendresse, à l’écoute, disponible, et bonne conseillère, mais essentiellement maman de cœur tant notre complicité fut permanente… Tu as tout su de mes bonheurs comme de mes chagrins, et nous les partagions d’autant mieux qu’ils furent souvent semblables…

« Ma Reine »… Telle une bougie dont la mèche s’épuise et finit par s’éteindre, me laissant orpheline de ta si douce lumière…

Ne me reste ce soir que cette odeur sucrée de chandelle froide, des souvenirs embués de larmes salées, la certitude d’avoir su conjuguer le verbe « aimer », et ton si joli sourire à jamais posé sur tes lèvres de cire…

 

A ma si douce et si précieuse Marraine, pour qu’au-delà de cette douloureuse séparation ne demeure que l’Amour pour le reste de mes jours…

 

 

 

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