Deux jours… 53 heures et des poussières de lune que tu reposes à l’autre bout de nous… Loin, si loin…

C’est bien ainsi. Nous avons pu respecter tes ultimes volontés, te voilà au plus près de ce que furent les dernières belles années de ta vie…

L’oubli avait déjà entamé ce processus d’éloignement : nous te voyions doucement t’en aller vers d’autres étranges et lointaines contrées dont nous peinions à te donner l’envie de revenir… Tu errais dans un monde qui n’appartenait qu’à toi et nous avons jusqu’au bout tenté d’y pénétrer pour mieux continuer de communiquer…

Mais certaines distances ne sont plus humaines, et nos semelles n’ont pas fait long feu…

Il me plait d’imaginer qu’après tout ce temps passé à devenir aussi diaphane que ta mémoire, il me plait donc d’espérer que tu sois redevenue celle que tu étais « avant »…

Alors, qui repose si loin de nous dans cet Eden Basque ? Sans doute celle qui pendant presque quarante ans eu à cœur d’y suivre l’homme qu’elle aimait, pour finir par en faire son propre pays, en y construisant sa vie, en s’y faisant des ami(e)s, en « s’intégrant » comme on dit aujourd’hui…

Toi ? Dans ce petit cimetière marin tout près de la maison familiale, qui prend la lumière du ciel selon les saisons, qui luit sous les embruns et respire l’iode de l’océan posé là tout à côté…  Toi ? Sous la lourde dalle de granit gris ?… Oui, mais si légère près de lui, près de votre envie d’éternité à deux, et si certains d’y attendre LE jour des retrouvailles célestes…

Il me plait tout autant de te croire chaleureusement accueillie dans ce drôle de Pays, par tous ceux que tu as aimé et qui avant toi l’avait déjà rejoint… Ça me rassure, c’est une sorte de déni, une façon de te faire vivre encore, même loin, même invisible, même si fragile, si froide, si endormie dans ce linceul rose poudré, même si tout ça n’est que mièvrerie, naïveté, fol espoir…

Ce soir encore, j’ai emprunté le chemin familier qui quotidiennement m’amenait à toi, quelques secondes pendant lesquelles le Temps fut aboli et te laissât vivante… Pour bientôt s’évanouir et me laisser déconcertée, entre chimère et cauchemar, à ne plus savoir quoi faire de moi et de tout ce temps dont je n’ai plus besoin pour toi…

A ma Marraine, Andrée Campet, qui nous a quitté le Vendredi 1er Novembre 2013.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *