Tu t’évapores… Non, toi, tu ne peux pas mourir, je ne peux m’y préparer… Les années sur toi longtemps n’ont pas trouvé prise, elles ont du se résoudre à te laisser belle et gaie, de rage elles ont dévalisé ta mémoire et saccagé ton âme… A force d’oublier déjeuners et diners, ta silhouette lentement s’évanouit. Tu te dissous doucement, jusqu’à peut-être, un soir disparaître, mais mourir, toi, non, je ne peux le croire…

Je ne sais ce qui, aujourd’hui, nourrit tes pensées, ni où ces garces ont bien pu t’égarer, et si ce n’est moi que tu accueilles vraiment,  ton regard s’illumine d’un sourire radieux qui traduit mieux que les mots qui depuis quelques temps t’échappent, le bel et tendre attachement qui nous a toutes deux unies depuis toujours.

Les couleurs de tes souvenirs se sont dilués dans la ribambelle de tes anniversaires, à peine en reste t’il quelques photographies délavées…

La confusion qui a pris possession de ton esprit ne nous empêche nullement de tenir conversation… Qui nous entendrait pourrait nous traiter de joyeuses excentriques… Peu m’importe d’avoir à jongler avec les mots, peu m’importe de devoir choisir les intonations qui te rassureront ou te feront éclater de rire, puisque dans ces moments que nous pouvons encore partager, c’est de ton bien-être qu’il s’agit…

J’aime pouvoir t’enlacer et te dire combien tu m’as apporté de réconfort et d’amour, à toi j’ai tout confié, tu as tout su, tout compris de mes joies comme de mes chagrins, au soir de ta vie c’est moi qui ne lâcherai pas ta main… J’ai envie de pousser encore longtemps cette porte pour t’apercevoir au fond du couloir, souriante et ravie d’avoir de la visite. Je ne veux pas que nos tendres échanges cessent pour un « simple » trou de mémoire… Et je veux croire qu’en gommant tes souvenirs, l’ oubli ne réussira jamais à éteindre cette jolie lumière qui éclaire encore notre si douce complicité…

Toi qui me disait souvent que « le Bon Dieu t’avait oubliée »…  Surtout qu’il ne retrouve pas de sitôt la mémoire…

A ma Marraine, ma tendresse…

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