Que faire de soi quand l’autre s’en va ? Quand, sans que rien ne vous l’ait laissé présager, soudain se brise un lien que vous pensiez indéfectible…

L’abandonné ne comprend pas cette rupture brutale qu’on lui impose sans que jamais auparavant elle n’ait été un tant soit peu soupçonnée…

Plongé dans le plus complet désarroi, incapable d’imaginer cette absence invraisemblable, il refuse d’abord de l’accepter. Il lui faut pour y croire, une explication, une raison, pour le moment cette rupture est impensable, donc impossible…

De coups de téléphone en répondeurs sans autre bénéfice que celui d’entendre encore « sa » voix, de numéro masqué en numéro qui n’est plus attribué, de messagerie suppliante en silence de plomb… Sans plus de communication et à bout d’argument, une dernière supplique sur une  improbable adresse de courriel, à laquelle il espère encore une réponse rassurante…

L’amour rend vraiment aveugle, et devant l’évidence empêche les plus flagrants constats !

Comme si la souffrance n’était pas suffisante, il faudrait donc encore plus de douleur pour dessiller les yeux ?… Mais hélas, l’ultime recours étant épuisé, le couperet tombe, cette fois-ci il faudra bien se résigner à entendre que pour l’autre l’amour a complétement disparu…

Une rupture sans reproche, une cassure sans grief, juste un silence qui ne peut plus, qui ne veut plus être rompu… Comme si leur amour avait brusquement basculé, qu’il s’était réfugié de son côté puisque ailleurs on n’en voulait plus…

Et le voilà désemparé, encombré de sentiments indélogeables, à frôler un harcèlement inutile, à commettre toutes les erreurs rédhibitoires, provocant bientôt un rejet violent et menaçant…

Une panique, une angoisse qui dépasse l’intelligence ou le respect de l’autre, une quête éperdue qui n’a qu’un seul et unique but, ne pas le perdre, ne pas le perdre, ne pas le perdre… N’avoir plus de mémoire et reprendre l’histoire là où on l’avait laissée, feindre d’ignorer la cassure, faire comme si de rien n’était… Jurer sur la tête de ceux qu’on a de plus chers, promettre l’intenable, pactiser avec n’importe quel diable, pourvu qu’enfin tout redevienne « comme avant » !

Le temps sans doute aura le dernier mot, mais en attendant justement, que tout ce temps là passe, que fait-on de ce trop plein d’amour qui ne sert plus à rien sinon à démolir ce que depuis des années on avait réussi à construire ? Pour autant l’autre garde curieusement ses attraits, que dis-je, ses qualités sont magnifiées, et il s’en faudrait de peu pour que sa cruauté ne lui fut pardonnée !

Cruauté… Lucidité sur une histoire qu’il n’avait pas vu s’effriter ?… Envie d’autre chose ? Désir de bousculer ce qui semblait s’enliser ? Pour l’autre, point de cruauté, juste un dialogue impossible, aucun autre moyen de se faire entendre… Une décision sans appel, que l’abandonné ressent cruelle parce que de son point de vue imprévisible, mais qui n’est peut-être que pure logique, parce qu’installé dans un ronronnement familier, il se sentait bien, et n’avait rien voulu voir de ce qui se détricotait…

Deux être se sont aimés, d’une fusion l’habitude a fait pencher la balance, l’un se donnant davantage que l’autre, l’autre se laissant offrir sans presque jamais rendre… L’un avançait plus vite que l’autre, ou était-ce l’autre qui était à la traîne de l’un ?… Toujours est-il qu’à la fin, tandis que l’un ne jurait que par l’autre, l’un depuis longtemps s’éloignait de l’autre…

Ils ne partageaient plus le même horizon, mais un seul en avait pris conscience…

 

A un ami malheureux, et à tous ceux à qui hier, aujourd’hui ou demain Cupidon reprendra ses dons…

One Reply to “Quand Cupidon perd ses ailes…”

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