Le Corbusier la dessina entre ciel et coteau, loin de l’eau et pourtant telle une Arche d’aujourd’hui, entre Lorraine et Franche-Comté.

La fraîcheur et le silence du lieu bravent la chaleur et l’effervescence extérieure de cet après-midi d’avril.

Le porche à peine franchi nous adoptons la démarche lente et feutrée des clarisses en procession pour Vêpres. A peine se glissent t’elles comme des ombres dans les rangées de bancs de bois clair, qu’aussitôt  s’élèvent sous la voûte leurs voix claires et nasillardes. De prières en chants liturgiques c’est à peine si nous osons nous aventurer dans la pénombre de la chapelle.

L’architecture se veut sobre, dépouillée de tout artifice.

Seule la clarté sculpte l’espace.

Trois puits de lumière se disputent l’ouvrage. Trois oratoires d’ocre, de sable ou de carmin qui invitent au recueillement.

Ici, ni nef ni transept.

Le bâtisseur voulut une enceinte toute en rondeurs, aux murs percés ça et là de « hublots » aux vitraux colorés que le soleil embrase selon l’heure et la saison. Si quelquefois sa lumière enlace l’autel aux heures de prière, les moniales veulent y voir la Présence divine qui leur fit un jour préférer la robe de bure plutôt que d’apparat… Nous autres, mécréants, n’y trouvons qu’un rayon bienvenu pour adoucir l’austérité glacée du sanctuaire…

La voussure résonne de la monotonie des psalmodies tandis que le vertige me saisit devant toutes ces vies agenouillées devant un dieu que je ne parviens pas à imaginer, que pourtant elles ont épousé et nomment Providence… De mes souvenirs de pensionnat au couvent des Oiseaux je ne retiens que l’angoisse qui m’étreignait dès que Mère Marie Bénédicte me demandait d’être attentive à la « voix du Seigneur » à son possible appel à rejoindre plus tard leur Communauté pour lui consacrer mon existence… A cette simple évocation, la gamine que j’étais ne distinguait avec effroi qu’ une possible réclusion à vie entre messes et clôture.  Je m’épuisais alors à  le supplier de ne pas m’appeler…  Et si mes voeux impies furent exaucés, je leur envie parfois la sérénité imperturbable qui habille chacun de leurs sourires… Chez elles tout semble paisible…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *