Ce lundi matin, au bout de la rue de la Poste, alors que le ciel semblait décidé à  nous inonder toute la journée, un petit bonhomme en jaquette noire se tenait tout debout.

Endimanché, coiffé d’un chapeau melon tout aussi noir que son trois-pièces, il marchotait sous l’ondée, comme aspiré par ses pensées.

Un peu plus loin il s’est arrêté.

Posés à  ses pieds, un violon et son archet, une petite corbeille en osier, une rose fanée toute mouillée.

Et ce petit bonhomme, immobile au beau milieu de la chaussée, dans son costume lustré à  force d’humidité, me regardait passer sans rien me demander…

Il avait accroché deux grandes ailes blanches dans son dos.

Comme dans un vieux film italien, il promenait sa solitude sous cette pluie de Février.

Point de public pour cette mâtinée grise, la rue déserte offrait cette vision poétique et surannée, sentant si fort la tristesse et la vanité de nos vies agitées…

Je suis passée. Plus loin je me suis retournée. Et si c’était « Toi » sous cet émouvant déguisement ?

Oui, ce pouvait être Toi, isolé des vivants et décalé dans le Temps…

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